Le premier jour du printemps coincide avec la montée en hélicoptère à la Cabane de Tracuit située à 3'256 m d'altitude, le long d'une arrête rocheuse d'ou l'on jouit d'une vue fabuleuse sur le Weisshorn, le Zinalrothorn, l'Obergabelhorn, le Besso, la Dent Blanche, le Grand Cornier, les Gardes de Bordon, et toute une série de sommets jusqu'au Grand Muveran.
Toutes les marchandises sont déjà dans les filets quand l'Ecureuil d'Air Glaciers arrive. Les rotations peuvent commencer. Les passagers montent les premiers et sont déposés juste à côté de la cabane après un vol de quelques minutes. Le ciel bleu et le soleil bien présent contribue à faire de ce vol un moment inoubliable, tant le décor est magnifique et grandiose.
Les sommets que l'on voit tout les jours depuis Zinal changent d'aspect au fil de la montée et se présentent sous un angle qui fait que l'on a de la peine à les reconnaitre tout de suite. Le Besso a perdu son jumeau et le Zinalrothorn se transforme en arrête éffilée. Quand à l'Obergabelhorn, il montre sa face nord dans toute sa verticalité.
On en vient à se demander comment cela peut être possible de la descendre à ski...
Mais déjà la cabane de Tracuit nous présente sa face vitrée et l'hélicoptère fait un petit tour aérien du propriétaire avant de venir se poser à côté du réservoir d'eau. La porte s'ouvre et l'air frais et piquant nous indique tout de suite que l'on se trouve bien à plus de 3'000 m d'altitude. Un léger et persistant petit vent frais supplante la chaleur des rayons du soleil dont on s'est rapproché de quelques milliers de mètres. Descendre de l'hélico, décharger les skis pour ceux qui redescendront plus tard à Zinal en passant par le Roc de la Vache et le lac d'Arpittetaz, s'accroupir dans la neige en tenant ses affaires pour pas qu'elles s'envolent avec le souffle des pales de l'hélico, et "l'Ecureuil" redescend déjà à Zinal chercher toutes "les noisettes" qui vont servir à nourir pendant quelques mois toute ces personnes qui viennent en montagne, chacune avec des raisons qui lui sont propre, mais toujours avec ce même amour de l'effort, de la beauté et du silence.
Les filets arrivent les un après les autres et sont déposé juste devant la porte. La palette est déchargée en un temps record et toutes les marchandises sont immédiatement réparties dans les soutes de la cabane pendant que l'hélico redescend chercher la suivante. Pas de temps à perdre au prix de la minute de vol... Une dizaine de rotations plus tard, tout ce qui était à 1'672 m. à Zinal se retrouve à Tracuit, à 3'256 m. Il est bien loin le temps ou tout devait être monté à pieds ou à dos de mulets. Le progrès a du bon, dommage qu'il ne soit pas toujours utilisé à bon escient.
Il est déjà presque midi et l'hélicoptère a finit le ravitaillement de la cabane.
Un dernier regard sur la Dent Blanche et le voilà reparti continuer son travail de sherpa dans une autre vallée, à ravitailler une autre cabane, ou les mêmes gestes seront répétés pour l'ouverture d'une saison en haute montagne qui s'annonce magnifique.
Le silence est revenu sur la montagne. La vallée de Tourtemagne indique encore la direction de la civilisation, et tout les petits soucis de la vie quotidienne semblent s'être évaporé comme par enchantement. Comme sur une petite île, le temps semble s'arrêter. La place à disposition autour de la cabane est restreinte. Le face à face avec soi-même peut commencer.
Anne-Lise, qui était venue ici en 1972 pour faire le Bishorn avec ses soeurs et ses parents, est desormais la gardienne de la cabane.
Nul ne sait ce que l'avenir nous réserve. Les choses de la vie font que l'on se retrouve souvent aux endroits qui nous corresponde et c'est bien comme ca.
Une équipe de tournage était également à la cabane pour un faire reportage sur la vie à Tracuit, ce qui fait qu'Anne-Lise a du se plier aux contraintes du vedettaria en faisant sauter ses roestis à la facon d'une crèpe, roestis qui ont enchantés toutes les papilles ici présentes.
Et que dire de les déguster devant un spectacle aussi magique que celui-là !?
Les chocards ont très vite flairer la présence humaine de retour à Tracuit, signe de nourriture facile, donnée ou oubliée par les montagnards de passage et qui cassent la croûte sur ce balcon paradisiaque.
Un drône étant utilisé par l'équipe de tournage pour des prises de vues spectaculaires de la cabane à malheureusement du empiéter sur le territoir de chasse du gypaète barbu, qui, ni une ni deux, a plongé sur l'intru toutes serres dehors et l'a réduit au silence en moins de temps qu'il n'en faut pour le photographier. Ce n'est qu'a son deuxième passage que j'ai pu saisir l'oiseau au vol et en vol. Brève et belle rencontre. La grandeur de l'animal est impressionante et de le voir passer à quelques mètres de moi m'en laisse un souvenir impérissable.
Quand au drône, il n'a pas été retrouvé à ce jour, alors si vous passer dans les rochers sous la cabane de Tracuit et que vous retrouver cet engin, vous pouver le ramener à la cabane ou son propriétaire sera content de le récuperer ainsi que la carte mémoire contenant les clichés de la journée.
Ce soir, c'est coucher de soleil d'un côté et lever de pleine lune de l'autre ainsi que le sacre du printemps. Toutes ces choses en même temps arrivent assez rarement, alors on en est presque tous resté sans voix. La lumière du réfectoire est restée éteinte tant que les dernières lueurs du soleil ne s'étaient pas estompée, et le temps à ce moment là était comme suspendu.
C'est dans ces moments que les paroles de poètes comme Lamartine prennent tout leurs sens :
"O temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! "
Il est 21.15 hrs et la lune a remplacé le soleil. Le spectacle est saisissant.
Avec les étoiles allumées dans le ciel et la lumière sélène, l'ombre, telle une couverture que l'on retire, laisse apparaitre la blancheur de la neige et les sommets
des montagnes se dressent dans l'obscurité dissipée.
Quand la nuit devient jour, quand l'espoir renait malgré les ténèbres, quand les étoiles nous guident, alors la vie peut se poursuivre.
En voyant ce spectacle, je ne peux que comprendre ce qui a guider la plume
d'Antoine de St Exupery, quand il a écrit "le Petit Prince"
"- Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C'est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C'est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder... Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau... Il rit encore.
- Ah! Petit bonhomme, petit bonhomme j'aime entendre ce rire!
- Justement ce sera mon cadeau... Ce sera comme pour l'eau...
- Que veux-tu dire?
- Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d'autres elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d'autres, qui sont savants, elles sont des problèmes. Pour mon businessman elles étaient de l'or. Mais toutes ces étoiles-là se taisent. Toi, tu auras des étoiles comme personne n'en a...
- Que veux-tu dire?
- Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire!"
06.28 hrs, le Mt Blanc, premier sommet à être carressé par les rayons du soleil qui a été réchauffer les autres endroits du globe pendant que la lune s'occupait d'embellir notre nuit.
Puis, les uns après les autres, tout les sommets vont recevoir la chaude caresse matinale du soleil et réchauffer les alpinistes qui ont bivouaqués dans une face glacée,
leur donnant des forces pour arriver au sommet de leur montagne.
Une nouvelle journée commence, et l'heure de quitter le navire approche.
L'hélicoptère de 14.00 hrs va nous ramener à des réalités moins poétiques mais le coeur débordant de ce qui fait le sens de la vie, la simplicité et la beauté de la terre.
A voir en grand écran et en version HD de préférence !
Bonne montée à Tracuit !
Bonne montée à Tracuit !